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Intermittent du spectacle : un éternel faux débat?

Intermittents du spectacle, connaissez-vous les dates-clés et l’histoire (tourmentée) de ce régime particulier? Non? Alors lisez les lignes qui suivent et vous pourrez frimer pendant un bon moment dans les soirées mondaines.

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Naissance du régime : 1936

Il est amusant de voir dans quelles circonstances est né le régime des intermittents du spectacle.

Dans les années 30, les producteurs de cinéma peinaient à trouver des techniciens expérimentés (encore rares à l’époque), et recrutaient très souvent des ouvriers et des artisans pour concevoir les décors, créer les costumes, etc.

Or, ces travailleurs préféraient de loin la sécurité d’un emploi stable dans une société quelconque, avec un salaire qui tombe tous les mois, à une mission de quelques semaines, même si c’était pour réaliser un film! Les producteurs ne pouvaient garantir cette stabilité, qui entrait en contradiction avec la nature même de cette industrie naissante du divertissement, où les besoins de main-d’oeuvre étaient ponctuels et aléatoires…

Ainsi le régime salarié intermittent voit le jour en 1936, et il est au départ destiné uniquement aux techniciens et cadres du cinéma. Ce dispositif permettait aux salariés de travailler quelques mois, puis de bénéficier d’une assurance-chômage en attendant le contrat suivant. Et surtout, de rester disponibles pour un éventuel projet.

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1965 et 1969 : dispositif étendu au spectacle vivant et à l’audiovisuel

Les fameuses annexes 8 et 10 au Règlement Général de l’Assurance-Chômage sont mises en place. Tous les domaines qui connaissaient cette problématique d’emploi peuvent ainsi bénéficier d’un dispositif adapté  : le cinéma, l’audiovisuel, le spectacle vivant, le secteur du disque. Tout le monde était content! Jusqu’en 1992…

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1992 : premières remises en cause

Des renégociations entre les partenaires sociaux débutent en 1992. L’objectif : réduire le déficit de l’assurance chômage. Il faudra plus de 10 ans pour arriver à des mesures concrètes.

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2003 : un régime de plus en plus complexe

Le mode de calcul des indemnités chômage évolue à ce moment-là, rendant plus complexe l’accès au régime : il faudra désormais travailler 507 h sur 10 mois pour être indemnisé pendant 8 mois.Un protocole d’accord est signé entre le MEDEF et trois syndicats; mais la CGT et FO s’opposent à ce remaniement. Cette année-là, de nombreux mouvements de grève des intermittents ont lieu et entraînent l’annulation de plusieurs festivals d’été.

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La renégociation du régime des intermittents du spectacle: un faux débat?

11 ans plus tard, le régime des intermittents du spectacle est toujours en renégociation. Certains affirment qu’il coûte trop cher à l’assurance-chômage, d’autres que sa suppression serait beaucoup plus onéreuse à supporter pour la société, du fait de son remplacement par le RSA pour bon nombre d’artistes.

Mais surtout, que signifie « coûter trop cher » lorsqu’on évoque des domaines comme la culture, l’art, la création?

Et outre cette valeur créée impossible à évaluer, quid des retombées financières du secteur culturel sur l’ensemble de la société?

Les économistes estiment que le spectacle vivant représente à lui seul, en 2014, 8,8 milliards de valeur ajoutée. La même année, le Ministère de la Culture a communiqué les chiffres suivants : 1 euro investi dans un événement culturel rapporte 4 à 10 €, en terme de retombées économiques globales!

Et vous, qu’en pensez-vous? Cette perpétuelle renégociation du régime des intermittents du spectacle n’est-elle pas un faux débat, puisque tout le monde s’accorde à dire que le secteur culturel est économiquement dynamique?

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A propos de l'auteur

Christophe Belzunce
Auteur, webmaster, et consultant en développement artistique spécialisé dans le spectacle vivant: diffusion, communication, partenariats...

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